vendredi 6 janvier 2023

Chanson du jour : Claude Nougaro - À bout de souffle


"A bout de souffle"
Auteur : Claude Nougaro / Dave Brubeck


Quand j'ai rouvert les yeux tout était sombre dans la chambre
J'entendais quelque part comme une sonnerie
J'ai voulu bouger, aïe la douleur dans l'épaule droite tout à coup me coupa le souffle
Une peur affreuse m'envahit et mon corps se couvrit de sueur
Toute ma mémoire me revint, le hold-up, la fuite, les copains qui se font descendre
J'suis blessé, mais je fonce et j'ai l'fric, je glissais la main sous l'oreiller
La mallette pleine de billets était là, bien sage
200 briques, somme toute ça pouvait aller, mon esprit se mit à cavaler
Sûre était ma planque chez Suzy et bientôt à nous deux la belle vie
Les palaces, le soleil, la mer bleue, toute la vie, toute la vie
Une radio s'est mise à déverser un air de piano à tout casser
Je connaissais ce truc, c'était le Blue Rondo à la Turk, Dave Brubeck jouait comme un fou
Aussi vite que moi mettant les bouts
Soudain, la sonnerie du téléphone, mon cœur fit un bond, je pris le récepteur
"Allô, c'est Suzy, ça fait deux fois que j'appelle"
Qu'est-ce qu'il y a (y a un car de flics au coin de la rue)
Je restai sans voix, j'étais foutu "il faut que tu files" me dit-elle
"Descends pas, sauve-toi par les toits"
Bon Dieu d'bon Dieu, bon Dieu d'bon Dieu
Encore les flics, vite le fric
Et puis l'escalier de service
Quatre à quatre
Un vasistas était ouvert sur les étoiles et me revoilà faisant la malle
Parmi les antennes de télé, ce pognon, je n'l'aurai pas volé
30 mètres plus bas dans la rue du Colisée c'était la cohue
J'en peux plus, j'en peux plus
J'ai couru comme dans un rêve le long des cheminées
Haletant, la mallette à la main, je vacillais
Sur un toit s'amorçait un escalier d'incendie
S'enfonçant tout au fond d'une cour, je descendis jusqu'en bas
Et me voici à trois pas d'une sortie sur la rue
Quelle rue, je ne le savais plus mais tant pis
Je suis sorti et tout d'suite je les ai vus
Quatre flics au bout d'la rue
Pas d'panique, j'ai reconnu le bar du Living, j'y suis entré
La boîte était pleine comme un œuf, 2 ou 3 jazzmen faisaient le bœuf
Je brûlais de fièvre, je voyais les murs, les bouteilles qui tournaient
Puis quelqu'un m'a saisi par le bras, j'me retournai, Suzy était là
Toute pâle elle me souriait de nouveau le soleil a brillé
Dans un souffle elle me dit "viens, j'ai la voiture tout près d'ici"
Nous sommes sortis mais devant moi, un poulet a crié "ne bouge pas"
Avec la mallette, je l'ai frappé, alors le coup de feu a claqué
Me clouant sur place
Oh Suzy, t'en fais pas
Je te suis, on y va
Les palaces, le soleil, la mer bleue
Toute la vie, toute la vie
Toute la vie

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