Le voyage d’hiver
(Texte composé à
partir des vingt quatre titres du recueil du poète Wilhem Müller, mis en
musique par Franz Schubert en 1827)
Bonne nuit, bonne nuit
Puisque je suis
étranger à ce qui m’entoure…
Grince la girouette
Sous les bourrasque de vent du nord
Des larmes gelées sillonnent
mes joues
L’engourdissement m’étreint
silencieux.
Sous le tilleul à l’ombrage
profond
J’ai rêvé bonheur et
passions.
Le fleuve puissant de la
destinée
A détruit le fil
violent de mes amours
Noyant dans ses inondations
Mes larmes d’eau et
de sels amers.
Point de regard en arrière.
Les feux follets de ma
mémoire
Dansent sans trêve dans mon rêve de printemps.
Je meuble ma solitude
Dans l’attente d’une
missive
Que la poste oublie chaque
jour de m’apporter.
Ma jeunesse s’enfuit
Le miroir reflète la tête de vieillard
Qui se sculpte au gré
du temps.
Le dernier espoir s’échappe
à tir d’ailes,
Je reste seul au village
Avec pour seule
compagne
La corneille grinçante au
vol silencieux
Qui s’apprête à
m’arracher mon âme.
Le poteau indicateur des illusions
Secoué dans la matinée de tempête
Me conduit à l’auberge des Dieux.
Courage ! Les soleils fantômes
Qui hantent ma conscience
Vibrent et tournent à
l ‘infini.
Le joueur de vielle
Joue la mélodie grinçante
de ses doigts gourds
Dans l’ombre
naissante,
Qui se gonfle et
m’envahit.
04 janvier 2009