La forêt de
Grésigne est la plus vaste forêt de chênes de la région Midi-Pyrénées. Couvrant environ 3600 hectares et
jouxtant d'autres massifs forestiers, elle se compose essentiellement de chênes
rouvres (80%), de hêtres, de charmes et de résineux. Grésigne a donné du bois de chauffage et un peu de charpente, du bois pour les merrains servant à la
tonnellerie destinée au vin de Gaillac, du charbon de bois
jusqu'aux années cinquante, et du bois alimentant les fours des verriers de
Grésigne, dont le dernier s'est éteint en 1850. La forêt, rationnellement
exploitée et entretenue, est aujourd'hui un lieu de chasse au gros gibier.
Géologie
Le point culminant (Montoulieu, 480 m) est de l'ère primaire. Formé de grès, il a donné son nom à la forêt de Grésigne. Les plateaux
environnants sont de la période jurassique (ère secondaire) et sont composés de calcaire.
Arbres
Le chêne est dominant,
avec 80% de chêne sessile ou
chêne rouvre ; on trouve des zones peuplées de chênes pédonculés au fond des
vallées, et de chênes pubescents dans
les secteurs arides. Dans les
années soixante, une tentative de plantation de pin Laricio a été faite, mais
avec peu de succès. Des châtaigniers, des hêtres, des merisiers et diverses autres essences constituent le
reste de la forêt.
Insectes et Petits crustacés
La forêt de Grésigne abrite plus de 2500 Insectes, notamment des Coléoptères. C'est à cet égard, en Europe, la
forêt la plus importante après celles de Fontainebleau et une forêt d'Europe
centrale. C'est également la forêt d'Europe qui présente la plus grande biodiversité à
l'hectare. Le Taupin violacé
(Coléoptère Élatéridé) est ici présent, tout comme le joli Crustacé d'eau
douce qu'est
l'Écrevisse à pattes blanches : leur présence atteste la qualité de
l'environnement. Les plans « Natura 2000 »
et les actions mises en place par l'ONF permettent de penser que cette réserve
naturelle continuera à se développer.
Les mammifères
Les Cerfs (600 environ) et les Chevreuils (400 environ) peuplent la forêt, où l'on
trouve également quelques Renards, Sangliers et Genettes. Le Cerf a été introduit dans la
forêt en 1958 par Fernand Verdeille, maire de Penne et sénateur du Tarn. La
surpopulation actuelle oblige l'ONF à augmenter les plans de chasse (170 en
2004/2005). Cette régulation est indispensable pour éviter un appauvrissement
de la forêt dû au fait que ces animaux se nourrissent des pousses des jeunes
arbres et des branches basses, empêchant ainsi un développement végétal régulier.
Histoire
Les
Romains ont occupé la Grésigne. De leur
passage il reste des oppida, tumulus de terre servant de
défense, des vestiges de camps et une voie romaine sur le territoire de
Puycelsi. En 1281,
Amiel de Penne cède ses droits sur la forêt au roi de France. Les
habitants des villages environnants continuent à utiliser les privilèges de
bois mort, de charpente et de barrières, mais aussi de pacages pour les
troupeaux. Les verriers, d'origine noble, peuvent utiliser à volonté le bois de
la forêt et sont dispensés d'impôt. Cette exploitation exagérée et sans
contrôle met la Grésigne en danger de disparition. En 1660, Colbert dépêche Monsieur de
Froidour pour réglementer l'exploitation de la forêt et en accroître
les bénéfices. Après en avoir délimité le pourtour par un mur (mur dit de Louis XIV) ou un fossé, il supprime
les privilèges et nomme des gardes forestiers.
En
1750, Louis XV inféode la Grésigne à Monsieur de Maillebois : celui-ci projette
de transporter le bois en canalisant la rivière Vère. Le projet
sera poursuivi durant une vingtaine d'années, et fera naufrage - un peu aidé
dans cet échec par les vignerons et tonneliers gaillacois peu intéressés à voir
partir la matière première
vers Bordeaux, via Bruniquel. Monsieur de Maillebois a eu le
temps toutefois de commencer le tracé des routes de débardage avant de faire
faillite.
Richesses
La forêt
de Grésigne était la ressource de toute la contrée avec :
- le bois
de charpente,
- les merrains pour la tonnellerie,
- le verre jusqu'en 1850,
- le charbon de bois, qui périclita avec l'ouverture des mines de
Carmaux,
- les fagots servant à alimenter les fours à chaux (il en fallait 5000 par cuisson) ;
- il y eut même des mines de fer à ciel ouvert autour de la Janade (commune de Puycelsi).